Aube

"Aucune récompense éternelle ne viendra nous pardonner d’avoir gâché l’aube."  Jim Morrison.


J'avais oublié.
A quel point elle doit être...

Cette obscurité qui se pare lentement de lignes et de contours.
Visible, sans être encore éclairée.
Ombres et silhouettes.

J'avais oublié quand les lignes se rejoignent, sans que l'on s'en aperçoive, quand les liens se dessinent, dans le fond... Dimensions.

J'ai dansé la nuit durant, perdue et fuyante.
J'attendais le soleil et la chaleur qui brûleraient ma peau, la joie pure et l'explosion du sens.
J'ai eu peur un instant, que le noir soit à jamais.
Engourdissement.

J'avais oublié les bribes de souvenirs caressant mon corps.
La fraîcheur qui perle sur la matière.
Le frôlement des sensations contre ma conscience.

J'avais oublié la douceur.
L'instant, plus précieux qu'aucun autre.
La patience qui fait résonner la nuit, et toutes les nouvelles vies à venir...
Le plaisir de l'étirement du temps.

Tout mon être qui se pare de l'instant.
La lenteur des couleurs qui s'annoncent dans les gris.
Mon corps dans l'éveil.
Et mon esprit qui l'exhorte encore au calme.

J'avais oublié comme l'aube se manifeste ligne après ligne, point après point.
Comme elle est calme et changeante à la fois.
Espace-temps de tous les possibles.
Suspens.

J'avais oublié et puis, je ne sais pas...
Le temps, le mouvement, toi...

Une perle de fraîcheur s'est matérialisée sur ma peau.
Un frisson a parcouru mon corps.
Les sons ont envahi mon cœur. 

Et je me suis souvenue...

Je ne gâcherai pas l'Aube !

Je vais la laisser durer, être, m'emplir...