Je Lis Proust Jour 4

Les objets...

J'avance tranquillement dans ma Recherche du Temps Perdu.
Proust fait émerger en moi moult questionnements et souvenirs.

Je me demande.
Quand Proust me parle de Combray, des ballades avec ses parents, de sa grand-mère marchant sous la pluie, des bons petits plats mitonnés par Françoise... il me parle du Vivant.
Des arbres qui pliaient sous le vent.
Des gouttes d'eau qui tombaient sur la peau ridée de la mamie.
Des Hommes, de leurs gestes, leurs paroles, leurs expressions.
Du soleil qui se frayait un chemin dans les couleurs des vitraux de l'église.
Du Vivant... oui... parce qu'il n'y a que lui, finalement, qui reste en nous.
Non?

Je me demande.
De quoi seront faits nos souvenirs?
Ressentons-nous vraiment la même chaleur à acheter un objet qu'une publicité nous aura vendu, que Proust aura pu en prendre à déguster les petits plats de Françoise, entouré par les siens?

Dans notre course folle au bonheur, peut-être a t-on oublié que notre esprit pouvait le receler?
Qu'en vivant de bons et beaux moments, ou en en faisant vivre aux autres, nous forgions en nous une source inépuisable de sensations et d'émotions...
Ce fameux souvenir... cette Mémoire.

Proust me remet à l'esprit que cette mémoire n'est pas seulement un disque dur capable de chercher et de retrouver des informations.
Il me rappelle, de la façon la plus poétique qui soit, que ma mémoire est une source à laquelle je puis m'abreuver à souhait ; de laquelle je puis ressortir une quantité folle de trésor, si tant est que j'ai pris le temps, au Présent, de les y enfouir...
Dans sa quête du temps perdu, Proust me parle aussi de celui à venir... L'inconnu... Dont je veux croquer le cœur à pleines dents.

L'objet se cassera, et si il avait été acheté et utilisé en hâte, sans que le cœur y soit vraiment, je crois qu'il ne laissera rien derrière lui...
C'est un peu triste quand j'y pense...
De quoi seront faits nos souvenirs?

Nous les remplaçons peut-être par une accumulation de photographies vides de sensations...
De fichiers, de bande son, d'images en tout genre...

 Mais peut-être, aussi, que le besoin de mémoire sera plus fort et qu'il nous ramènera à la Vie, la vraie.
Celle faite des dégradés de vert qui envahissent la montagne le printemps venu ; du sourire de nos aïeux  ; du goût sucré des premières tomates, du rire singulier et bien réel de chacun de nos amis ; du craquement de la terre sous nos pieds pendant l'été ; des bruissements de la ville la nuit ; de nos moments ensemble ; de ta bouche contre la mienne ; de l'aube sur notre peau...

J'y crois encore.

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