Je lis Proust Jour 1

La rencontre

Ça n'était pas prémédité...
Proust restait pour moi cet auteur inatteignable ; que les critiques prennent souvent en référence de l'excellence, créateur de cette fameuse "madeleine" dont tous nous employons le terme sans vraiment savoir, ou sentir ce qu'il recèle ;  auteur d'une unique "saga" dont on m'assenait souvent que les longueurs de phrases en avaient fait abandonner plus d'un ; que j'avais moi-même tenté de lire à deux reprises, m'arrêtant finalement aux trente-et-unièmes et soixante-treizième pages, dans l'envie d'autre chose...
Proust restait donc cet inatteignable... Celui que vous laissez aux autres, mais avec une certaine tristesse à la pensée de ne pas avoir pu, ou su, apprécier le génie...

Ça n'était pas prémédité...

Voici quelques temps que les livres s'enchaînent dans mon quotidien, sans vraiment le marquer... Ils passent, me divertissent, et s'en vont sans laisser de traces...
Je crois que, la semaine dernière, en refermant un de ces livres invisibles, cela m'a rendue triste...
Quelque chose manquait, sans que je sache vraiment quoi.

N'ayant plus de livre qui me fasse envie, j'ai allumé la TV et suis tombée sur La Grande Librairie.
Il y avait là, parmi d'autres invités, Guillaume Gallienne, que j'adore écouter tant son ton est, pour chaque situation, d'une justesse absolue...
Puis vient Catherine Meurisse. Auteur-dessinatrice chez Charlie Hebdo qui sort un album "La Légèreté" (que j'ai d'ailleurs acheté depuis^^) et qui raconte alors la place de l'Art dans sa vie, et dans sa reconstruction après les attentats de janvier 2015... Elle vient à parler de Proust...

Dans la façon qu'elle avait de raconter les livres de l'auteur, dans l'amour qu'elle mettait dans chaque mot qu'elle employait en parlant d'eux, dans son regard,  je voyais une relation d'une intimité folle, un partage absolu, une "vivance"...
Ça a crée quelque chose.
Appelons ça un déclic, bien que le terme soit bien trop technique pour quelque chose qui paraisse si profondément humain...
Un désir.

J'ai scanné (décidément, la technologie envahit mon vocabulaire !) mes étagères à la recherche du Temps Perdu.
Le voilà, il était là, en haut à gauche, l'exemplaire de mon père... Un peu jauni, un brin corné, mais tellement vivant...

Je suis montée dans ma chambre, me suis blottie sous la couette, et ai ouvert le livre.
J'ai su alors que c'était là, allongée sur mon matelas bien trop usé, sous une couette légèrement parfumée par les fleurs printanières du dehors, éclairée par une douce lampe dont les reflets semblent agrandir les murs de la pièce ; cette fois, dans cet instant, soir du 02 Mai 2015, que j'allais réellement découvrir Proust.

C'était notre moment...

Commentaires